Par
Olivier_TFE
Essai de la BMW i4 eDrive40 le 23/11/2023 sur les routes de Tenerife (Canaries):
Je précise que cet essai est très orienté "test du comportement routier de la i4 en montagne".
Vous n'y trouverez pas d'avis sur les écrans, la place à l'arrière...
L'essai se déroule sur 85km et environ 1h30-1h45.
Je m'installe à bord avec facilité et trouve rapidement ma position de conduite. Le volant cuir BMW "M" à jante épaisse est agréable à prendre en mains. Je demande à Nestor, le technico BMW qui m'accompagne, de désactiver toutes les aides à la conduite et de mettre la régen. en mode D au mini. Le mode B est de toutes manières rapidement actionnable via le nouveau "curseur" qui remplace l'ancien levier de vitesses.
En quittant le parking de la concession (mode Confort), je note de suite l'accélérateur très précis: on avance au millimètre près. Pas d'embrayage évidemment, donc aucun patinage, aucune vibration, aucune pièce qui s'use au démarrage, même en côte. C'est un des points qui m'incite à passer au V.E. (Véhicule 100% Electrique).
Un peu de ville pour rejoindre rapidement l'autoroute direction le Sud. Là pas de surprise: la voiture est impeccablement stable, silencieuse, dans son élément. Avec un tel empattement et cette ligne de grand coupé, le contraire eu été étonnant! Je teste quelques reprises... Ça pousse immédiatement et bien assez pour s'insérer, doubler, s'amuser, etc.
Je quitte l'autoroute pour me diriger vers Arafo et les montagnes! J'avais demandé expressément un essai prolongé afin de pouvoir faire la montée de "Los Loros" (zone de Güímar, entre Arafo et l'arrête qui monte vers le volcan du Teide). Cette route de 18km de montée en courbes est "ma route de référence". Je la connais par coeur. J'y passe souvent avec ma Mazda MX-5, ma Leon Fr ou ma moto... J'y ai testé de nombreuses Porsche, Corvette, BMW, etc. Elle est en revêtement moyen par endroit, ce n'est pas un "billard".
Attention, premières courbes!
Je précise ici que ce modèle d'essai est tout neuf (242km) et qu'il est configuré ainsi: propulsion 340ch avec 430Nm de couple, jantes 18" avec pneus sports(?) 245/45 devant + 255/45 derrière, pack M aéro, sièges sport de base mais électriques, volant M sport, affichage tête haute et c'est tout. Seulement 6.200 euros d'options.
Celle que j'ai commandée a en plus la suspension M Sport adaptative, la direction variable, les jantes 19 avec pneus sports 245/40 devant + 255/40 derrière, les freins M Sport...
Je mets le mode Sport et demande à mon "copilote" de remettre la direction souple (et non sport). Affaire de goûts...
Premières courbes, donc et c'est la raison essentielle de mon essai: voir comment elle passe avec ces 2.050kg sans conducteur. Les essais sur YouTube sont contradictoires. Alors? Je trouve qu'elle se débrouille bien. Il y bien entendu un peu de roulis en courbe mais c'est maitrisé. Les suspensions sont très bien calibrées, bien mieux que mon ex BMW 135i de ... 2010
C'est plus sur les gros freinages sur route sinueuse qu'on sent la plongée. Si on adopte une conduite dynamique tout en étant coulée, avec des changements d'appuis réalisés avec finesse (ce qui est - je dois dire - mon style de pilotage habituel, quel que soit mon bolide), cette i4 son comporte étonnamment bien!
J'ai vu un YouTubeur donner des petits coups de volant en ligne droite avec une i4 M50 et conclure: "ce châssis ne vaut rien!". Quelle erreur! Ce n'est pas ainsi qu'on teste un châssis.
Bon bref, pour ma part et dans les vraies courbes, je la trouve superbement "contenue", stable, relativement agile. Le poids ne se ressent que très très peu! C'est une de mes 2 grosses surprises de ce jour. Après, on ne va tout de même pas la jeter en appel/contre appel dans les courbes, on est d'accord.
Le moteur a une pêche agréable et soutenue ("impressionnante" pour ceux qui n'ont pas eu d'autres véhicules puissants). Avec les 430Nm dispo à pratiquement tous les régimes (plus importants que les 340ch), cela pousse et c'est amplement suffisant pour "effacer" tout véhicule qui gêne, à la moindre petite ligne droite. C'est réellement plaisant et toujours dans une certaine douceur. Quelle voiture!
Je roule donc un moment assez "fort" et constate qu'il n'y aucune perte de puissance malgré la pente et les minutes qui passent. Un bon point pour la gestion température batterie/moteur. Ça répond toujours immédiatement et je suis rapidement en confiance: on peut compter sur la mécanique.
Je m'autorise la sortie de certaines courbes en forte accélération avec l'ESP qui gère. Pas de coupure violente.
Afin de ne pas faire l'erreur de tester cette voiture uniquement "en mode attaque", je passe ensuite à un rythme plus raisonnable, un peu comme si j'avais ma chienne à bord: conduite dynamique mais accélérations/freinages plus doux, vitesse en courbe un peu plus basse. On a le temps, avec les 18km de montée sur ce col. Là c'est encore mieux car je suis pile dans la "zone de confort" de cette i4: elle passe bien en courbe, moins de roulis, moins de tangage. Toujours beaucoup de plaisir.
Certains ce moquent du slogan BMW "le plaisir de conduire", mais bon, dans le faits et sur terrain montagneux, c'est bien vrai. Cette i4 pourtant électrique et lourde me donne bien du plaisir de conduite: suspensions bien calibrées, pneus/roues bien dimensionnés, direction précise, volant super agréable, sièges qui maintiennent bien (ce qu'on perd en forme par rapport aux sièges M, je crois qu'on le regagne sur ce modèle Alcantara, qui glisse moins que le cuir), vision depuis le poste de pilotage (intérieur agréable et sportif, bonne vision sur l'extérieur)... Bref, à mon grand désespoir - moi qui suit amoureux des bielles, pistons, soupapes - je me fais énormément plaisir au volant en montagne avec cette BMW! "Désespoir" car j'aurais voulu finir l'essai en disant "Je garde ma thermique", mais je dois avouer que cette voiture électrique a réussi la quadrature du cercle: une électrique qui a une "gueule" de vraie voiture, un intérieur magnifique, des prestations de haut vol et donne du plaisir de "pilotage".
Durant les premiers kilomètres de cette route de montagne magique mais complexe, j'étais tout de même un peu "étranger" à la voiture. Je me sentais "débutant" au volant d'une voiture inconnue, un peu timide voir pataud. Et puis vers le haut du col, je me dis "Hep! mais je me sens à présent comme si je conduisais cette voiture depuis des mois!"
Nous avons alors entrepris la descente par l'autre route, plus roulante et en parfait "billard". Je suis comme chez moi dans cette voiture. Je teste le mode D (réglé sur regen. mini) et le mode B, les freins... En mode D sur mini, c'est comme une thermique: donc très facile pour moi. En mode B sans toucher à la pédale de frein, cela ralentit bien et progressivement, de plus en plus fort au fur et à mesure que la voiture perd de la vitesse. Par contre (et je rejoins en cela certains essais presse), en mode B + frein à la pédale, la regen. forte augmente le freinage vers la fin et cela me dérange un peu. On a effectivement l'impression que la voiture freine plus qu'on ne le souhaite.
En grandes courbes la voiture est royale. On peut freiner finement (pas comme un goret!) en dégressif jusqu'à la corde (sur tous type de courbes). Je suis franchement surpris par la qualité des suspensions et des trains roulants. Je pense que ma future - avec sa suspension M adaptative et ses jantes 19 - va maitriser encore un peu mieux les mouvements de caisse en courbe et/ou freinages. C'est très prometteur...
Un peu plus loin, je me rends compte - et c'est ma 2e grosse surprise du jour - que je peux gérer le freinage régénératif (sur B) avec la pédale ... d'accélérateur! Je roule par ex. à 90 km/h puis relâche l'accélérateur totalement: mode B = le tab. de bord affiche "<<<" de régen (= 3 = fort), la voiture commence à freiner un peu, puis de plus en plus... Mais si je renfonce l'accélérateur de quelques millimètres, le tab. de bord affiche seulement "<<" puis "<" si j'accélère un peu plus, puis j'arrive bien sûr en réelle accélération (moteur qui entre en poussée et non en rétention).
C'est une super invention! Mais de plus ici, c'est très très bien réalisé: je gère avec grande aisance avec l'accélérateur, entre "<<<" "<<" et "<" ou bien sûr la reprise de la poussée moteur. Avec la pédale d'accélérateur BMW articulée au sol, c'est facile et n'est pas perturbé par les bosses de la route. Mon pied reste stable.
N'est pas BMW qui veut! On devine ici les milliers d'heures de test, mises au point; la technique qui se cache derrière tout ça. Car ne croyez pas que gérer un moteur de 430Nm de couple est facile.
Au passage, je vois qu'elle a l'air de très bien lire tous les panneaux: vitesse limite mais aussi "interdit de dépasser" et "fin d'interdiction". Tout les essais sont unanimes sur ces points: BMW offre d'excellents systèmes d'aide à la conduite, souvent signalés comme "les meilleurs" toutes marques confondues.
On revient à la concession. Je peux rester seul à bord autant que je le souhaite, pour tester la musique, les menus, les places arrières, le coffre, ouvrir le capot (pas de frunk mais on peut installer celui de Wokeby)...
Bilan? Une super voiture! Electrique ou pas, elle est fabuleuse. Oui, un poil lourde mais si cela ne sent sent pratiquement pas, si elle consomme assez peu et si en plus je vais charger gratuitement chez moi dans 99,9% des cas? Pour comparer niveau feeling de conduite sur routes sinueuses: ma Seat Leon FR me donne plus l'impression de "luter" contre les courbes (alors que ma MX-5 "joue" avec les virages), sans doute parce qu'elle a un centre de gravité bien plus haut que la i4!
Woua-woua-woua! comme dit Cris Harris.
What a car!
Quelle voiture!