"Un smartphone n'a pas l'autonomie d'un téléphone à touche, ça ne l'a pas empêcher de s'imposer très très largement."
Effectivement mais un smartphone dispose de plusieurs "bornes de recharges" dans chaque pièce de chaque logement, dans chaque voiture, etc.
"Je pense franchement que 300 km d'autonomie autoroute est suffisant si l'infrastructure de recharge est adaptée."
Oui, là est bien le problème.
Voir d'ailleurs l'étude de Plôtz & Funke (2017) parue dans Nature, qui montre que la course à l'autonomie par l'augmentation de la capacité des batteries amoindrit le bénéfice CO2 des VE par rapport au VT, l'optimum se situant autour de 200 km d'autonomie dans les conditions actuelles. En sens inverse, cette autonomie relativement faible limite l'usage des VE à une partie des trajets seulement, à tel point que les PHEV sont jugées plus performantes que les VE actuellement en matière de réduction des émissions de CO2. En effet les auteurs relèvent le fait que les PHEV peuvent être utilisées pour 100% des trajets, et que 100% de la capacité de la batterie peut être utilisée sans souci de panne sèche puisque le moteur thermique prend le relais ensuite.
Si l'on tire les conséquences de cette étude, et notamment du graphique page 5 du document en lien, on en déduit qu'un impact positif des VE sur le climat nécessite :
- l'utilisation de sources renouvelables pour la production de l'électricité qui alimente le véhicule (requis - voir les différentes courbes selon l'origine de l'électricité),
- l'utilisation d'électricité décarbonée pour la fabrication de la batterie, afin de permettre des autonomies importantes sans que les économies de CO2 réalisées pendant la phase d'utilisation soient annulées par les émissions nécessaires pour la production de la batterie (phase "montante" des courbes au-delà de 2x10^2 km d'autonomie),
- et/ou, effectivement, la possibilité de recharger rapidement et facilement pour se contenter d'une autonomie modérée sans que la recharge ne devienne une contrainte insurmontable. Ce qui implique à la fois la présence d'un réseau de bornes ultra-rapides dense et simple à utiliser (responsabilité des pouvoirs publics et des opérateurs privés) et la capacité pour les batteries de supporter des charges > 2 ou 3 C (graphiquement, lever cette contrainte permettrait à la courbe en trait plein [EV] de "plonger" aussi rapidement que la courbe en pointillés [PHEV]).
Car en l'état actuel, même avec un mix d'énergies renouvelables, l'étude implique que l'impact CO2 d'un VE avec 400 km d'autonomie n'est pas meilleur qu'un autre avec 80 km d'autonomie ou qu'un PHEV avec 35 km d'autonomie électrique (traits horizontaux/verticaux ajoutés par moi).
https://www.isi.fraunhofer.de/content/dam/isi/dokumente/cce/2017/EEVC_17_Ploetz_Funke_full-paper.pdf