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ViFiftyTwo

Fallait pas arrêter la Triplette !

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Salut à tous,

 

Volkswagen vient de faire une annonce qui a eu l'effet d'une bombe médiatique en Allemagne : pour la première fois de son histoire d'après guerre, le groupe envisage de réduire sa capacité industrielle. Vous avez sans doute lu, comme moi, plein d'articles, de réactions et de commentaires, tous plus débiles les uns que les autres sur le sujet. Je vous en propose un, ci-dessous, qui m'a bien plu, car il conclut -en simplifiant bien sûr!- qu'il ne fallait pas arrêter la Triplette. Il fallait la développer. Ou lui donner un petite sœur. Bref, VW a eu tout faux. Et il n'est pas le seul... Bonne lecture !

 

Volkswagen: le signe d'une crise qui vient

 

Les nuages s’amoncellent au-dessus de l’industrie automobile européenne. Une fois n’est pas coutume, le coup de tonnerre ne vient pas d’un maillon faible du secteur, mais du leader, Volkswagen (VW). Le groupe allemand vient de provoquer un séisme outre-Rhin en brisant un tabou vieux de 87 ans. Pour la première fois depuis sa création, il envisage de fermer des capacités industrielles en Allemagne.


La direction estime qu’il y a deux usines de trop par rapport à ce que VW est capable de vendre aujourd’hui. L’événement dépasse le cadre d’un ajustement pour faire face à un aléa conjoncturel. Il constitue le signe avant coureur d’importantes difficultés pour les constructeurs européens face à la transition vers la voiture électrique et l’avance prise par la concurrence chinoise.


Le réveil est d’autant plus douloureux, que les dernières années ont été fastes. VW, Mercedes, BMW, Stellantis, mais aussi Renault qui était au bord du précipice il y a peu, ont affiché ces derniers semestres des bénéfices plus que confortables. Mais l’environnement porteur dont ils ont bénéficié depuis la crise du Covid était largement en trompe-l’œil parce que reposant sur une stratégie inadaptée à la nouvelle donne.


La désorganisation industrielle provoquée par la pandémie a abouti à un déséquilibre entre l’offre et la demande, dont les groupes européens ont profité plus que de raison. Les ruptures d’approvisionnement de semi-conducteurs les ont conduits à équiper en priorité les voitures les plus chères, les plus rentables, en prenant du retard sur le développement d’une gamme plus accessible.


Panne de clients


En sortie de Covid, l’épargne individuelle avait gonflé grâce aux aides publiques, les taux d’intérêt étaient au plus bas et les Etats n’hésitaient pas à subventionner l’achat de véhicule à faibles émissions de CO2. Mais tous ces soutiens ont disparu un à un et le segment de clientèle aisée, qui avait les moyens de tenter l’expérience de l’électrique, tend aujourd’hui à s’assécher. Faute d’avoir développé d’autres relais de croissance, les constructeurs européens sont en passe de tomber en panne de clients. Après avoir englouti 250 milliards d’euros dans cette technologie, le retour sur investissement se fait attendre. Les marques comme les fabricants de batteries revoient, les uns après les autres, leurs ambitions à la baisse.


Faire porter la responsabilité de ce trou d’air à la transition vers le véhicule électrique n’est pas crédible. C’est la façon dont celle-ci a été conduite qui est en cause. Il suffit de regarder ce qui se passe actuellement en Chine pour le comprendre. En juillet, pour la première fois, les véhicules hybrides et électriques y ont représenté plus de 50 % des ventes, contre 36,1 % il y a un an. L’Europe plafonne à 25 %. La différence se joue sur l’accessibilité des modèles électriques, qui, pour certains d’entre eux, sont moins chers en Chine que leurs équivalents thermiques.


Les bénéfices confortables des constructeurs européens ont agi comme un écran de fumée cachant leurs faiblesses et leur retard sur les chinois. Les pratiques déloyales de subventions publiques dont ces derniers sont accusés n’expliquent pas tout. Patiemment, depuis vingt ans, ils ont bâti un écosystème favorable en maîtrisant l’ensemble de la chaîne de valeur, des composants aux batteries en passant par les logiciels, et ils ont joué d’emblée la carte de la massification des usages pour bénéficier d’économies d’échelle dont ne disposent pas les Européens. Dès lors, impossible de rivaliser en termes de coûts.


VW avait jusqu’ici réussi à entretenir l’illusion grâce à ses positions de leader en Chine sur les voitures thermiques. Les bénéfices réalisés dans l’Empire du milieu permettaient de financer les emplois et l’innovation en Allemagne. Mais avec la montée en puissance de la stratégie chinoise sur les véhicules électriques, la rente dont bénéficiait VW est en train de s’évaporer. En 2023, le groupe a vendu moins de voitures en Chine qu’en 2013 !


Offre inadaptée


Au-delà de ce mouvement de bascule, des erreurs stratégiques ont été commises. L’entreprise qui s’était choisie pour slogan « Das Auto » a péché par arrogance en pensant qu’il pourrait négocier le virage de l’électrique en créant ex nihilo sa filiale spécialisée sur les logiciels, un élément central du véhicule électrique avec la batterie. Mais les milliards d’euros dépensés et le recrutement de milliers d’ingénieurs issus de la Tech ont tourné au fiasco.


Le fait que, faute d’offre adaptée au marché, les ventes de véhicules électriques ne soient pas au rendez-vous est une double mauvaise nouvelle pour les constructeurs européens. Non seulement les usines sont en surcapacité, mais, en plus, ils auront toutes les difficultés à atteindre les objectifs fixés par la réglementation européenne consistant à diminuer de 15 % les émissions de CO2 en 2025. Ils risquent de devoir payer des amendes qui se chiffrent en milliards d’euros.


A cela s’ajoute l’introduction par l’UE de droits de douane pour limiter les importations de véhicules électriques fabriqués en Chine. Non seulement les Chinois vont facilement trouver la parade en produisant directement sur le sol européen, mais en plus, la décision menace de se retourner contre certaines voitures européennes. C’est le cas du Tavascan, un SUV 100 % électrique fabriqué en Chine par Cupra, l’une des marques de VW ou encore de la Spring de Dacia du groupe Renault. Or, sans ces véhicules, les deux marques auront beaucoup de difficultés à atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2.


Les constructeurs demandent désormais un assouplissement du calendrier fixé par la Commission. Mais un délai de grâce serait à double tranchant. Car pendant ce temps-là les Chinois ne resteront pas les bras croisés. Ils en profiteront pour accroître leur avantage concurrentiel et améliorer leur structure de coût en Europe. Comme le résume un vétéran du secteur en reprenant la célèbre formule tirée de Game of Thrones : « Winter is coming. »

 

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Oui c'est vrai que la triplette aurait pu se vendre comme des petits pains, mais pas à 25 ou 30k€. Sans doute que les marges confortables des gros chars d'assaut SUV aurait pu être employés entre autre a vendre de petites voitures à prix abordables / cassés. Mais bon...

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@ViFiftyTwo : bravo pour cette synthèse, claire et sans ménagement pour VW. Franchement, ton post pourrait être publié tel quel parmi les articles de AP . Chapeau !

 

Je te suggère même de le publier plus haut dans la hiérarchie des forums , dans "Voiturres électriques" !

[EDIT] je viens de me rendre compte que tu avais reproduit un article du Monde 🤣🤣🤣 

Bon tu as au moins le mérite de le partager !

Modifié par e-Lionel

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Le 10/09/2024 à 22:24, e-Lionel a dit :

[EDIT] je viens de me rendre compte que tu avais reproduit un article du Monde 🤣🤣🤣 

:D Oui, j'ai mis un raccourci au-dessus du texte, je suis tombé dessus dans mon fil LinkedIn. Je voulais le partager avec vous car j'ai trouvé l'article vraiment bien rédigé, clair, et surtout on sent bien que l'auteur connaît le sujet, ce qui n'est pas si fréquent quand on suit l'actualité des VE. 

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C'est dingue que VW ait été capable d'avoir une vraie vision anticipative lors de la conception de la Up en prévoyant dès le départ une plateforme modulable permettant d'offrir une version électrique. De par ailleurs avoir fait évoluer la batterie en doublant sa capacité en 2019.

 

Et d'un autre côté d'avoir été si mauvais... Avec des véhicules 100% électriques trop chers, pas aboutis, et mal finis. Avec une gamme historique (la Polo) sans meme une version full hybride... Nul en stratégie.

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